Un certain Leonardo Da Vinci a dit « il movimento e il principe di ogni vita », le mouvement est le principe de toute vie.

Cette citation nous rappelle que le mouvement représente la vie mais aussi la santé. Et faire le mouvement, faire bouger, c’est une participation active à l’amélioration de la santé et du bien-être des personnes.

Avec l’endométriose, le corps peut perdre ce mouvement, cette fluidité. Libérer les tensions, retrouver le mouvement, redonner de la mobilité aux tissus seront alors des enjeux essentiels pour retrouver un mieux-être. C’est pourquoi la kinésithérapie est un pilier important de la prise en charge de l’endométriose.

Pour en savoir plus, Chroniques de l’endométriose est partie à la rencontre de Marine Degroisillier, kinésithérapeute à Liège.

Découvrez notre rencontre. 

Se réapproprier son corps en favorisant une approche plurielle

Kinésithérapeute et nutrithérapeuthe de formation, la jeune et pétillante Marine Degroisillier a fondé le centre Essentia, basé à Angleur, un essentiel pour tout.e qui cherche à devenir acteur de sa santé.

Ce centre nous propose, en parallèle à une approche médicale conventionnelle, un éventail de solutions bien-être. Ainsi, vous pourrez y trouver des conseils diététiques, un soutien psychologique… Dans les faits, il nous permet surtout de sortir d’un triangle infernal qui nous incite à une certaine passivité. En effet, nous consultons un médecin, nous passons chez le pharmacien retirer les médicaments prescrits puis, nous nous rendons chez le kiné sans pour autant prendre conscience des différentes possibilités qui s’offrent à nous. Mêlant le conventionnel et l’alternatif, les actrices de ce centre permettent à leurs patient.e.s de se replacer au cœur du circuit et de choisir d’autres options en fonction de leurs besoins et cela, quand le moment se présente.

Lorsqu’on travaille avec des maladies chroniques, on se rend compte que le corps va chercher du soutien, des compensations partout. C’est alors que les alternatives proposées par Marine, patiente elle aussi,  et ses collaboratrices prennent sens.

« Si les traitements médicamenteux peuvent soulager jusqu’à 50% des douleurs, il reste 50% sur lesquels nous pouvons agir par l’alternative qui nous conviendra le mieux (nutrithérapie, ostéopathie, psychothérapie, sexologie, diététique, méditation dynamique, reiki, etc.). »

 

importance du mouvement dans l'endométriose avec l'aide de la kinésithérapie

Pourquoi aller voir un kiné dans le cadre de l’endométriose ?

Si nous nous replongeons dans l’histoire du mot, la kinésithérapie désigne cet art de soigner par le mouvement.

Dans le cas de l’endométriose, il y a plusieurs raisons d’aller consulter un.e kiné:

  • Une meilleure connaissance de son corps en évaluant où se situent les zones de restriction, les points de faiblesse.
  • Une meilleure gestion de la douleur: lorsque nous ne sommes plus dépendants de l’extérieur, des antidouleurs, nous redevenons acteurs de ce qui se passe et c’est beaucoup plus efficace!
  • Une meilleure prévention et/ou anticipation de futures adhérences. Si ça circule bien, si tout est bien oxygéné, le tissu reste vivant et pour cela, rien de tel que le mouvement. À l’inverse, plus il y a d’adhérences, moins cela respire et plus le risque de nécroses augmente.
  • Avoir une personne de référence, un soutien moral, une reconnaissance de la douleur.
    Il est important de s’accorder ce moment, il est important de reprendre contact avec son corps.
    Généralement, l’endométriose est une maladie qui touche des personnes au profil actif. Ainsi, la prescription de séances crée l’obligation de s’octroyer 30 minutes sur 7 jours, de nous occuper de ce qui nous véhicule chaque jour. S’accorder une pause, pouvoir se déposer sur la table, un moment suspendu dans une bulle où l’on ne s’occupera que de moi est aussi synonyme de mieux-être.
  • Ouvrir la porte à nos émotions.
    Quand on met son corps en mouvement, on fait sortir des émotions. Cela est plus intense encore lorsqu’on mobilise le petit bassin.
    Notre corps est une éponge de rétention d’informations plus ou moins éprouvantes, il faut donc à certains moments lui renvoyer l’ascenseur afin de le soulager.

La kinésithérapie : une approche douce pour redonner de la mobilité aux tissus

Les adhérences, vous le savez, font partie intégrante du quotidien de l’endométriose. Elles sont généralement la conséquence des phénomènes inflammatoires cycliques, qui entraînent des accolements de différentes structures anatomiques (les ovaires à l’utérus, le colon à l’utérus, etc.).

Dans le cas de l’endométriose, les adhérences peuvent survenir à cause de l’inflammation des tissus due à la maladie, de l’inflammation due à la présence de liquide, ici du sang dans l’abdomen ou encore de la chirurgie par laparoscopie. On parle alors d’adhérences post-opératoires et ce ne sont pas les mêmes types d’adhérences que les adhérences post-inflammatoires.

Les adhérences comme les douleurs peuvent être différentes selon chaque corps.

« Chaque approche est personnalisée par rapport à l’endométriose de chacun.e. »

Ces adhérences, dues à un manque d’oxygénation des tissus, vont créer des viscéro-spasmes (contractions alternées de cette musculature qui favorisera le transit intestinal par exemple) ou de la congestion (accumulation de sang) qui se traduit par le bas du ventre qui durcit, l’apparition de varices dans les jambes, de douleurs dans les jambes, dans le bassin et dans le périnée.

Parfois, cela peut se combiner à des varices pelviennes. La distinction entre les varices pelviennes et l’endométriose est chose complexe car les symptômes sont presque identiques. Ce mal passé sous silence prend la forme de varices situées au niveau du bassin qui provoquent des douleurs diffuses dans le bassin.

Les zones de rétention, zones où se situent les adhérences, sont responsables de douleurs et vont également affecter la mobilité générale car tout est interelié, via les fascias (et donc une rétention/tension quelque part dans le corps peut se répercuter plus loin que sa source d’origine.)
L’objectif est d’aider le corps à retrouver de la souplesse, de la fluidité et que le flux soit le plus facile possible du début à la fin, de la tête aux pieds

Que sont les fascias? Ce sont des membranes qui entourent les muscles et les organes, dans tout notre corps, et qui sont liées entre elles. L’endométriose étant souvent à l’origine d’adhérences, les fascias en souffrent tout particulièrement.

Le fascia réagit aux contraintes chimique, émotionnelle mais aussi à la pression physique (la position assise joue une pression plus importante sur le bassin, par exemple). Il est donc important de localiser les zones de souffrance pour une meilleure approche.

« Le corps est semblable à une rivière et pour circuler librement, il faut qu’il y ait le moins de cailloux possible, le flux doit être facilité du pied jusqu’au cœur et pour cela, il faut réduire voire éliminer les entraves qui se présentent sur le trajet. »

Lors des séances kiné, Marine recourt aux techniques locales et globales.

La technique locale permet, lors du test de palpation, de localiser les zones à spasmes ou à duretés. Localiser le frein dans le circuit permet de récupérer de la fluidité, de la souplesse.
La technique globale consiste en un stretching complet du fascia.
Un exemple concret: si la patiente présente une adhérence à l’avant du colon gauche, il est possible d’aller étirer le fascia antérieur qui est sur le chemin et ainsi récupérer de la fluidité. L’objectif de Marine est que chaque patiente reparte avec une boîte à outils de stretching pour regagner de la souplesse sur tout le trajet.

Demander au corps son autorisation

Les techniques que propose la fasciathérapie demandent de poser les mains sur le corps mais de façon non invasive.

Vous l’avez sans doute déjà constaté, lorsqu’on entre en contact avec votre corps de façon trop brutale, il va avoir une réaction de défense et va se recroqueviller. Il est important de comprendre que nos tissus ont besoin d’un code d’entrée.

Dans la fascia, le thérapeute demande l’autorisation au tissu de pouvoir entrer, il va attendre qu’il se déforme, qu’il soit plus malléable. C’est important pour le corps mais aussi pour la patiente qui a vécu et vit quelque chose de douloureux de reprendre dans la douceur.

Souvent le corps, lorsqu’il vit depuis longtemps dans la souffrance, trouve des échappatoires pour rendre ce mal plus supportable au quotidien. On observe souvent que d’un point de vue neurologique, la zone ventre-dos ne déroge pas à cette règle, ce qui modifie quelque peu le schéma corporel des patientes. De fait, elles agissent inconsciemment comme si la zone en souffrance n’existait plus, c’est comme si elles n’étaient plus incorporées dans leur corps. En plus de la réduction du schéma corporel, ce rejet peut avoir d’autres répercussions comme le refus de l’intimité.

« Passer par la douceur pour recréer des circuits agréables est essentiel ! »

Petit à petit, à son rythme, en s’écoutant, on se réapproprie son corps et on récupère un schéma corporel plus doux.

kinesitherapie sport endometriose

Et le sport dans tout ça?

Chacune d’entre nous le sait, qui dit vie saine dit sport. La pratique régulière d’une activité physique reste un atout clé dans la gestion de la douleur.

En effet, le sport permet de réduire les inflammations et les douleurs liées à la maladie tout en améliorant notre qualité de vie. Cependant, certains sports sont à déconseiller ou, mieux dit, l’intensité avec laquelle ce sport sera pratiqué est à adapter.

Souvent, on veut y aller vite et fort, cette attitude est assez contre-productive quand on sait que le résultat est une congestion synonyme de douleurs. Le but est de se sentir confortable, d’augmenter cette sensation de bien-être et pour cela, il faut y aller en douceur, adapter l’intensité de son effort pour tenir jusqu’au bout.

Chacune doit trouver son équilibre, équilibre qui va varier dans le temps et parfois, il faut pouvoir ajuster ses calculs, expérimenter d’autres sports comme la danse, le yoga.

Être à l’écoute de son corps est un apprentissage qui s’inscrit dans la durée.

« L’important est de rester en mouvement, parce que le mouvement, c’est la vie. »

marine degroisillier kine

Pour en savoir plus

Marine Degroissilier, kinésithérapeute

Centre Essentia,
Rue de la Vaussale 3, 4031 Angleur (Liège)
essentiasoins@gmail.com
tel:+32497460715

Découvrez toutes les interviews avec les professionnels de la santé

Des rencontres pour apprendre à mieux connaitre l’endométriose et trouver des clés pour mieux vivre avec au quotidien.